Comprendre les paradoxes de la vie avec les contes​

La perfection existe t-elle ?

d’après un conte d’Henri Gougaud


Chaque jour, deux femmes allaient remplir un seau d’eau qu’elles transportaient le long d’un chemin pour le livrer aux habitants d’un village.

La première, fière, forte, portait son seau avec fermeté, et ne faisait tomber aucune goutte d’eau sur son chemin. 

La seconde, attentive à la nature, aux chants des oiseaux, aux arbres majestueux, aux plantes si gaies par l’annonce du printemps, perdait régulièrement un peu d’eau sur son chemin. A son arrivée, elle voyait son seau d’eau à moitié vide. Elle avait honte, elle s’estimait mauvaise, elle en souffrait. 

Un jour, elle décida d’en parler à un villageois. 

– Je suis désolée. Pardonnez moi.

– Vous pardonner ? Pourquoi ?  Qu’avez-vous fait de mal ?

– Vous savez bien. Chaque jour, ma collègue et moi apportons l’eau que vous nous avez commandée. Ma collègue fait son devoir. Elle vous livre un seau rempli jusqu’à son bord. Moi non. J’aimerais être comme elle est: parfaite, fière, forte. Moi, j’arrive avec un seau à moitié vide. Vous devez m’en vouloir beaucoup.

– Oh non ! Au contraire ! Regardez sur le bord de votre chemin. Qu’est-ce que vous voyez ? Des fleurs partout. Elles sont superbes ! L’eau que vous perdez les arrose tous les jours. Elles vous remercient. Et moi aussi je vous remercie parce que chaque jour je peux offrir un beau bouquet à ma maison. Regardez sur le chemin de votre collègue. Certes, elle est parfaite en amenant un seau rempli d’eau jusqu’à rebord. Mais que voyez vous ? Poussière, cailloux. Chacun fait selon sa nature. Ne changez rien ! Et ne regrettez pas vos failles, voyez comme elles nourrissent la vie.

Tout est parfait.

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