Nous utilisons notre mémoire tous les jours. Pour faire ses courses, pour travailler, pour passer des examens, … Dans la mémoire, il y a également tous les souvenirs de notre vie. Et il nous arrive à tous d’oublier, d’avoir des difficultés à mémoriser. Qui n’a pas rencontré des difficultés à apprendre ses cours ? Qui n’a pas oublié le nom du morceau de musique écouté dernièrement ? On aimerait bien tout retenir du premier coup. Mais ça ne marche pas toujours bien. Nous retenons également des choses qu’on voudrait bien oublier. Comment ça se fait ?
Il existe essentiellement deux formes de mémoire : la mémoire de travail et la mémoire à long terme. La mémoire de travail sert à mettre en mémoire pour un court instant, juste le temps de traiter l’information : « je note en mémoire ton numéro de téléphone le temps de trouver un papier », « je te traduis ce qu’il dit en italien ».
La mémoire à long terme c’est tout ce que nous savons : « la capitale de l’Italie est Rome », « mon frère aime bien les vieilles voitures ».
Et nous n’arrêtons pas de faire passer des informations d’une mémoire à l’autre…avec pas mal de perte ou de déformation en cours de route.
Notre mémoire de travail est limitée et exige un effort constant pour fonctionner. En fait, on ne peut traiter que 7 informations à la fois, qu’on soit âgé de 3 ans ou de 130 ans ! Le mythe tombe : quelque soit notre âge, notre capacité est la même ! Quand une nouvelle information arrive, il faut en lâcher une autre. Donc ça ne sert à rien de donner plus de 7 informations quand vous vous présentez à quelqu’un ! Vérifions le ensemble par une petite expérience. Essayez de mémoriser le plus de mots possibles en les lisant un à un : joie, respiration, musique, instant, plage, douceur, arbre, souffle, dessin, sapin, gratitude, intention, mental, ouverture, sommet, masque, livre, océan, observation, écoute, harmonie, montagne, lumière, clef.
Maintenant détournez vous de votre ordinateur et notez les mots que vous venez de lire.
Combien en avez vous retenus ? Vous en avez mémorisé moins de 7 ? Vous n’étiez peut-être pas motivé à faire l’expérience ou pas attentif parce que vous faites autre chose ou vous pensez à autre chose en même temps. Vous en avez mémorisé plus de 7 ? Bravo ! Vous avez sûrement mémorisé en organisant l’information reçue : vous avez peut-être créé une catégorie nommer « nature » sous laquelle vous avez mis les mots de la liste évoquant la nature (arbre, sapin, océan, montagne). Vous avez alors retenu l’information « nature » et occupé une seule place en mémoire alors que si vous n’aviez pas fait de catégorie, vous auriez du faire l’effort de mémoriser 4 mots et il ne restait la place que pour 3 autres mots.
Donc, si vous arrivez à organiser l’information, à regrouper des informations ensemble, vous pouvez augmenter le nombre d’éléments en mémoire : retenir 1, 9, 7, 6 correspond à retenir 4 informations en mémoire. Si vous organisez l’information en 1976 ça revient à ne mémoriser qu’une seule information. Vous comprenez maintenant pourquoi nous retenons plus facilement les nombres sous forme de dates et les lettres sous forme de sigles. Et les communicants l’ont bien compris !
Mais il est toujours impossible d’augmenter le nombre d’informations en mémoire : ça sera toujours 7 et toute notre vie ! Je le répète parce que la répétition est un bon moyen pour faire rentrer l’information en mémoire !
Une bonne nouvelle : nous sommes capables de traiter en même temps de l’information verbale et de l’information visuelle. En lisant ce texte, vous traitez de l’information visuelle et en même temps vous êtes peut-être en train d’écouter de la musique, de l’information verbale. Mais vous ne pourriez pas lire le texte et regarder par la fenêtre. Essayez, vous verrez ! Vous vérifierez par vous même que c’est impossible !
Quand nous estimons qu’une chose nous sera utile plus tard, nous la sortons de la mémoire de travail pour la mettre dans la mémoire à long terme. Ce processus est très complexe : parfois nous y arrivons, parfois non. Parfois nous ne voulons pas mémoriser et l’information est tout de même transférée dans notre mémoire à long terme. Par exemple dès qu’une information ou un évènement est associée à une émotion forte, elle est presque toujours mémorisée sans faire d’effort. Souvenez-vous d’un événement : quelle émotion y est associée ? Est-ce que vous vous souvenez d’un évènement de votre vie sans émotion associée ?
Si nous souhaitons garder longtemps en mémoire une information non associée à une émotion, il faut fournir un effort. Eh, oui notre mémoire ne fonctionne pas toujours toute seule. Alors, comment faire ? Il faut s’efforcer d’associer des idées entre elles.
A force de créer des associations, vous pouvez imaginer votre zone du cerveau comme un immense réseau informatique avec plein de connexions. Activez une zone en active une autre, la stimule et renforce la mémorisation des anciennes informations. Penser à certaines choses amorce le souvenir d’autres choses parce que dans notre cerveau, celles-ci sont associées aux premières. Par exemple, il sera plus facile de vous souvenir de ce texte si vous vous trouvez au même endroit que vous l’avez lu. Si vous mangez un bonbon que vous mangiez quand vous étiez petit, le goût amorcera d’autres souvenirs : un lieu que vous aviez l’habitude de fréquenter, un ami, votre famille… Toutes ces associations que nous faisons seront autant d’indices pour nous guider quand nous souhaiterons retrouver l’information. Et plus nous nous donnons du mal pour nous remémorer un souvenir ou une information, plus il revient vite et facilement. L’effort, ça paie ! Donc tester ses connaissances est un bon moyen de les mémoriser et les retrouver de plus en plus vite. Finalement, plus on utilise sa mémoire, plus c’est facile de mémoriser.
Encore un truc, il ne faut pas toujours tester les mêmes connaissances, sinon, les autres s’affaiblissent et nous n’arrivons plus ou difficilement à les retrouver. Nous avons tendance à dire que nous avons oublié, mais ça n’a pas disparu, c’est juste plus difficile d’y accéder. Ca ne vous est jamais arrivé de dire que vous n’avez aucun souvenir et puis d’un seul coup un indice le fait ressurgir ?
Pour mieux utiliser la mémoire, il faut avoir conscience de ses capacités, ne pas vous blâmer si vous n’arrivez pas mémoriser plus de 7 informations à la fois : nous ne pouvons tout simplement pas. Par contre, vous pouvez développer des stratégies pour faciliter la mémorisation : en organisant l’information, en faisant des associations d’idée, en répétant. Ce qui est encourageant c’est qu’à force d’utiliser ces stratégies, l’habitude s’installera, et moins ça vous demandera d’effort. C’est magique ! A 44 ans, vous pourrez dire comme moi que vous avez une meilleure mémoire qu’à 20 ans !
Si vous avez compris comment fonctionne notre mémoire, vous pourrez l’utiliser plus librement et de plus en plus facilement. Vous pourrez également adapter votre environnement extérieur aux capacités de notre mémoire. Si vous organisez une réunion, évitez de transmettre dix milles informations à la minute : au bout de 7 informations, vous perdrez tout le monde ! Si vous avez un auditoire capable d’organiser les informations, c’est au bout de 49 informations que vous perdrez tout le monde ! Si vous concevez un logiciel ou un site internet, éviter de mettre des menus déroulants à plus de 7 onglets !
Dans ce texte, je vous ai transmis plus de 7 informations ! Si vous avez fait des associations d’idées, et organisé les informations reçues, vous avez pu retenir toutes les informations dites (il y en a moins de 49 !). Si vous souhaitez connaître le nombre d’informations que vous avez retenues en mémoire de travail, écrivez les tout de suite et vérifier ensuite en revenant sur cet article. Si vous souhaitez connaître le nombre d’informations déjà transférées dans votre mémoire à long terme, rendez-vous demain.